Markus Krack

Actualités Interview Markus Krack

Janvier 2023

Vous faites de la recherche dans le domaine des usines intelligentes et vous aidez les entreprises à se digitaliser. Où commencez-vous dans ce processus ?

Fondamentalement, vous commencez par étudier le modèle commercial et les processus de production. Malheureusement, la plupart des entreprises souhaitent immédiatement se concentrer sur des technologies telles que l'Internet des Objets (IoT) ou sur les applications basées sur le cloud. Mais c'est certainement la mauvaise approche.

Pourquoi ?

Vous devez débuter l’observation à la racine et considérer quels processus de production possédons-nous, et que peut-on numériser ? Tout d'abord, vous devez clarifier comment vos clients et votre entreprise doivent bénéficier de la digitalisation. Ensuite, vous analysez les processus afin de les adapter à la digitalisation.

Un exemple:
Une fonderie veut réduire le nombre de pièces de rebut qu'elle produit. Leur système enregistre des données, mais ne les partage pas. Le but est de mettre en réseau les appareils entre eux et de les corréler afin de pouvoir prévoir les défauts de « moulage ».

Cela nous amène au concept de l’usine intelligente (smart factory) ?

Oui. L'usine intelligente nécessite une architecture pour la logistique, la production, et les systèmes informatiques. Toutes les données des systèmes sont réunies dans un lieu central. Là, bases de données, tableaux de bord ou unités de traitement informatique sont connectées afin d’utiliser les données. Nous vous recommandons de commencer doucement avec la transition dans un premier temps, puis l’expansion ensuite.

Quelle largeur de bande passante est nécessaire pour cela ?

Une solution économique et simple consiste à relier un système à un ordinateur industriel qui collecte et analyse les données. A une étape plus avancée, les appareils sont capables de prendre plus rapidement des décisions sur la base des données. Cela résulte en un système qui réagit intelligemment. Si vous souhaitez aller plus loin et avoir besoin de plus puissance de traitement informatique, vous connectez ce système au « Cloud ». Cela permet des algorithmes complexes pour analyser les données et optimiser les opérations.

Les « Clouds » hybrides permettent une utilisation combinée des solutions conventionelles, sur sites et des services sur le « Cloud ». Pour quelles entreprises cette approche est-elle intéressante ?

L'approche hybride convient aux entreprises qui collectent des données localement mais qui ne possèdent aucun moyen d'analyser les données en utilisant, par exemple, l'IA. Parce que cela nécessite beaucoup de puissance de traitement à court terme. Avec une infrastructure « Cloud » hybride, les entreprises peuvent utiliser, par exemple, des systèmes SCADA ou EDGE au niveau de l'atelier pour collecter des données et effectuer des analyses simples. Pour les processus qui nécessitent une grande puissance de calcul, ils peuvent ensuite transférer ces données vers le « Cloud ». Le « Cloud » renvoie les résultats qui peuvent être utilisés pour rendre leur environnement de production plus intelligent.

En plus des « Clouds » publics qui sont partagés par plusieurs entreprises, les sociétés peuvent également mettre en place leur propre « Cloud » privé. Cela en vaut-il la peine ?

Cela dépend de la taille de l'entreprise. Les solutions de « Cloud privé » sont considérées comme plus sécurisées, mais elles sont très coûteuses. Les petites entreprises ne peuvent généralement pas se les offrir. C'est pourquoi la plupart se tournent vers les solutions de « Cloud » public. 

Quelle est l'importance de la demande en faveur du « Cloud » ?

De nombreuses entreprises de logistique me disent qu'elles ne pourraient plus fonctionner sans la technologie « Cloud ». D'autres entreprises craignent le risque de vol de données.

Même si le « Cloud » lui-même est sécurisé, les risques se trouvent dans les canaux de transmission.

Combien de temps dure la transformation ?

Il faut un à deux ans avant que les premiers systèmes soient convertis. Dans l'ensemble, le temps est le facteur le plus important, car avec un investissement minimum de 5 000 à 8 000 euros en matériel, vous pouvez techniquement atteindre la première étape. La digitalisation et la technologie « Cloud » permettent aux entreprises industrielles de produire de petits lots de manière rentable et ainsi de réduire le nombre de pièces de rebut, et de gagner en fiabilité de planification. Cela ouvre de nouvelles possibilités – et bien plus de perspectives. Nous n'en sommes qu'au début de ce nouveau développement.

* Markus Krack est Professeur Es-Sciences de l’usine intelligente (Smart Factory) à l’Université des Sciences appliquées et des Arts, de Suisse Nord-Ouest (FHNW).
Il a d'abord étudié l’ingénierie mécanique et dirige maintenant la recherche dans le domaine des jumeaux numériques au sein du programme d’étude de Génie Industriel et de Management.
Il dirige le domaine de spécialisation "Gestion de la chaîne d'approvisionnement et de production" et le cours « CAS Digital Industry ».

Article traduit et extrait de « Bystronic World » 2022-01

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